Partie I:   b)      Emission et réception  

 

 

    Les phéromones permettent d’établir un système de communication interindividuelle qui se résume en trois points :

- émission d'un signal chimique par un individu (émetteur),

- réception et reconnaissance du signal par un autre individu (récepteur),

- réaction de l'individu récepteur en fonction du signal.

 

 

    Ce système d’émission/réception est différent entre les insectes et les vertébrés. En effet, les phéromones sont émises par des organes spécialisés : par diverses glandes chez les insectes (dont nous parlerons plus en détail dans la partie II) contrairement aux vertébrés qui transmettent les phéromones selon différents moyens. Suivant les espèces animales, on trouve des phéromones dans la peau, certaines glandes dermiques (sébacées, sudoripares), la salive, l'air expiré, les sécrétions des voies urogénitales, les sécrétions vaginales (primates), les glandes anales, les urines ou les fèces. Les phéromones sont libérées dans l’environnement, à des concentrations extrêmement faibles. Cette émission de phéromone peut passer par trois voies différentes. En effet, elles peuvent être diffusées dans l’air (diffusion aérienne) mais parfois sur un support avec une rémanence au sol, comme par exemple dans le cas du marquage de territoire de certains insectes (tels que les fourmis) ou encore être transmises lors d’un contact entre individus (dans le cas de la souris par exemple).

 

 

     Chez les mammifères et certains reptiles, l’organe voméronasal (OVN) est l’organe essentiel à la réception des phéromones. C’est le récepteur des phéromones. Il est également appelé organe olfactif accessoire ou encore organe de Jacobson du nom du danois Ludvig Jacobson qui le découvrit en 1813.

     Chez les mammifères, cet organe est localisé à la base de la cloison nasale (un de chaque côté). Il s’allonge vers l’arrière et comporte un canal en cul de sac, bordé du côté médian par un épithélium sensoriel. Il est constitué d’une paire de sacs tubulaires dans le plancher des cavités nasales, le long de la base du septum. Mais comment ces substances chimiques parviennent elles à l’organe voméronasal et comment celui-ci transmet-il le message au cerveau qui permettra une modification chez l’individu ?

 

                                                                          

                     

 

 

 

 

 

 

 

Organe voméronasal chez l'Homme (à droite)

et chez le chat ( ci-dessous)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           

 

 

  Ainsi, chez de nombreux mammifères tels que le chat ou le chien la perception des phéromones par l’OVN est possible grâce au « flehmen »  qui est l’action de flairer (lors d’un reniflement par exemple). Cela met en contact les odeurs aussi bien avec les cellules olfactives qu’avec les neuro-récepteurs de l’organe voméronasal. En effet, l’OVN est tapissé de cellules neuroréceptrices à nombreuses microvillosités qui détectent le signal chimique. Il contient deux familles distinctes de récepteurs : les voméro-récepteurs 1 et 2 (VR1 et VR2).

Par exemple, le chat relève la lèvre supérieure, ouvre partiellement la gueule et inspire par la bouche. Cette mimique est accompagnée de rapides mouvements de la langue. Le rôle de cette grimace est de fermer les narines pour que l’inspiration se fasse par la bouche. Les phéromones sont alors aspirées à travers la papille incisive (derrière les incisives de la mâchoire supérieure).

 

 

 

 

Action de flehmen d’un tigre

 

       Chez les reptiles, le serpent possède un OVN très développé. Celui-ci est directement relié à la langue du serpent qui collecte les substances chimiques et les dépose au niveau de l’OVN.

 

       La molécule phéromonale va alors pénétrer dans le nez et va se déposer sur le mucus lui même situé sur l’organe voméronasal. Cette molécule se fixe ensuite sur une protéine appelée PBP (Pheromone Binding Protein) qui va permettre le transfert de l’information vers le bulbe olfactif accessoire, en traversant le mucus. Le bulbe olfactif accessoire est quant à lui relié à l’hypothalamus (le centre des émotions). C’est ce qui permet d’expliquer que nous réagissons inconsciemment aux phéromones.

       C’est ainsi que l’hypothalamus ordonne aux différentes glandes une sécrétion plus ou moins importante d’hormones modifiant ainsi la physiologie de l’individu.

 

 

 

Coupe de l'organe voméronasal

 

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